À l’occasion du salon aéronautique de Dubaï, aux Emirats Arabes Unis, les compagnies du Golfe ont passé pour 170 milliards de dollars de commandes. Près de 500 appareils au total, principalement des long-courriers, ont été achetés par Emirates, Etihad, FlyDubai ou encore Qatar.
Et ce n’est que le début. Car pour répondre à la forte hausse du trafic dans la région, les compagnies aériennes du Moyen-Orient devraient avoir besoin d'acheter, selon Boeing, plus de 2 600 nouveaux avions au cours des 20 prochaines années, plus de la moitié seront des gros-porteurs. Un tiers servira à remplacer les appareils vieillissants, le reste à accroître, encore, leurs flottes. Un marché évalué à 550 milliards de dollars.
Pour se rendre compte de l’essor des "trois grands" comme on les surnomme, il suffit de regarder les quelques chiffres concernant leur flotte actuelle mais surtout le nombre d’appareils en commande. Emirates possède 207 appareils actuellement, et en a plus de 400 en commande. Qatar a 108 appareils dans sa flotte pour plus de 300 en commande. Quant à Etihad, la compagnie a 66 appareils et en a commandé plus de 150.
Mais quelles sont leurs forces ? Premièrement, leur localisation géographique qui permet au trafic international de croître de 17 % par an dans la région.
Jacques Tournut - Responsable des activités aéronautiques à Toulouse Business School :
« Elles sont placées au centre du monde, elles peuvent servir aussi bien de "pont aérien" entre l’Asie et l’Europe ou entre l’Asie et l’Amérique du Nord, c’est à dire que les gens vont voyager ou éventuellement faire un petit arrêt d’une ou deux journées sur ces zones géographiques qui sont aussi des zones touristiques en fort développement. Ce sont aussi des zones financières donc des zones attractives en terme de "business". »
Le trafic international croît en effet dans la région de 17 % par an. Emirates devrait devenir cette année, la première compagnie mondiale, et être à la fois le plus gros utilisateur d’A380 avec quelques 140 appareils et de 777-X avec 150 exemplaires. La compagnie prévoit même de transporter 57 millions de passagers d’ici 5 ans, soit 40 % de plus qu’aujourd’hui.
Deuxième avantage, le prix du carburant. Ce n’est un secret pour personne, le kérosène au Moyen-Orient est l’un des moins cher au monde. Et lorsque l’on sait que ce poste compte pour un tiers dans les coûts d’une compagnie, c’est loin d’être anecdotique.
Enfin, troisième atout, lié aux deux premiers, ces compagnies ont une importante capacité à investir grâce aux bénéfices (ou chiffre d'affaire) réalisés. Emirates réalise ainsi 17 milliards de dollars de chiffre d'affaire annuel, Qatar près de 7 milliards et Etihad 4 milliards. Leur réseau devrait donc encore augmenter…
Jacques Tournut - Responsable des activités aéronautiques à Toulouse Business School :
« Il y a des poches de croissance encore, sur tout le territoire américain, aussi bien l’amérique du nord que l’amérique latine, en revanche ils sont très présents en Asie et en Europe. Enfin surtout Qatar et Emirates, et Etihad a encore un fort potentiel de développement puisqu’elle est encore un petit peu plus petite que les deux autres. »
C’est une certitude, les compagnies du Golfe domineront très bientôt le ciel mondial. Conséquences directes : 2 000 nouveaux pilotes et 2 600 nouveaux techniciens devraient être embauchés au Moyen-Orient chaque année et cela jusqu’en 2032 au moins.