Depuis notre dernier reportage en 2011 sur le stress des pilotes, ces étudiants et ces chercheurs de l’Institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace (ISAE-Supaero) à Toulouse, n’ont pas interrompu leurs drôles d’expériences pour aider les pilotes. C’est même tout le contraire. Cet « Eye Tracker » qui filme l’œil en temps réel, pourrait en effet être d’ici une dizaine d’années intégré dans les cockpits d’avions commerciaux sous la forme d’une mini-caméra située en face de chaque pilote.
Mickael Causse, Enseignant-chercheur en Neurosciences, ISAE-Supaero : « On s’assoit, on regarde peut-être un point de fixation, et le système démarre et on est tranquille. Il ne faut pas que ce soit trop contraignant pour le pilote pour que ce soit accepté. »
En cas de problème lors d’un vol, scruter le regard des pilotes pourrait permettre de s’assurer que leur attention se porte bien sur les informations importantes. Et dans la négative, de rectifier le tir en évitant de rajouter des alarmes visuels ou sonores déjà omniprésentes. Pour cela, plusieurs solutions sont à l’étude : enlever momentanément des informations secondaires des écrans, afficher une indication de pilotage, ou encore faire vibrer le fauteuil comme cela existe déjà dans l’automobile. Mais il reste encore pour cela à trouver les bons algorithmes.
Mickael Causse, Enseignant-chercheur en Neurosciences, ISAE-Supaero : « Il y a de la variabilité entre les individus. Il y a des personnes qui ont un regard naturellement plus dispersé alors qu’ils sont dans un état normal. Il y a des gens qui sont au contraire plus focalisé mais qui sont pour autant dans un état normal. Donc il faut réussir à avoir un apprentissage qui est efficace pour chaque individu et qui fonctionne dans l’immense majorité des cas. Et c’est cela qui est difficile à obtenir aujourd’hui. »
En attendant que la recherche mette au point un « Eye Tracker » capable d’aider en vol les pilotes en difficulté, ce dispositif pourrait être mis en place dans un premier temps pour aider les enquêteurs lors de crash. Les données filmées qui pourraient être enregistrées sur les boîtes noires de l’appareil permettraient de comprendre où se portait le regard des pilotes les minutes précédent l’accident et peut-être expliquer les décisions anormales qu’ils ont prises.