Après deux accidents en moins de quatre mois, une première dans l’histoire de l’aviation commerciale pour une seule et même compagnie, Malaysia Airlines peut-elle craindre une baisse significative de sa clientèle ? Pour le savoir, nous avons demandé l’avis d’une psychologue spécialisée dans le traitement des phobies et la gestion de l’anxiété, et sa réponse est sans appel.
Velina Negovanska, Docteur en Psychologie – Hôpital de la Salpêtrière (Paris) : « Ca va créer une sorte d’évitement pour cette compagnie là. Statistiquement on sait qu’il y aura peu de chance que la même situation se reproduise mais au final notre cerveau nous dit ‘évite telle situation’. Il y a énormément de choses que l’on connaît sur le plan cognitif donc tout ce qui est informations logiques. Mais ces informations logiques vont des fois laisser la place à des informations d’ordre plus émotionnelles. Et il suffit d’avoir vu des images de crash d’une compagnie ou d’une autre, ce sont des images qui vont rester en mémoire de manière beaucoup plus forte. En fait, notre corps nous protège, notre corps nous donne des informations sur où il y a un danger ou pas, et c’est vrai que tout ce qui est vu, vécu d’une manière plus émotionnelle va s’imprégner dans notre mémoire d’une manière beaucoup plus forte que juste de simples statistiques. »
Et les médias auraient leur part de responsabilité. Selon la psychologue, les journaux et les chaînes de télévision se focalisent en règle générale davantage sur un crash aérien que sur une collision ferroviaire ou un accident routier par exemple ce qui accentue notre émotivité.
Précisons cependant que les passagers seraient plus enclins à voyager sur une compagnie ayant subi un crash si l’accident est d’origine terroriste que s’il s’agit d’une défaillance humaine de l’équipage ou d’une défaillance technique de l’appareil. Face aux mystères qui planent toujours autour des deux accidents de la Malaysia Airlines, la compagnie a donc pour l’heure, des arguments en sa faveur.
Rappelons enfin que l’accident du vol MH17 il y a tout juste une semaine au-dessus de l’Ukraine est rarissime. L’histoire de l’aviation civile dénombre en effet moins d’une dizaine d’appareils ayant été abattus par un missile. Les plus meurtriers ont été celui d’un A300 d’Iran Air en 1988 touché par la marine américaine et un B747 de Korean Air Lines en 1983 détruit par un avion de chasse soviétique. Ces deux accidents avaient respectivement fait 290 et 269 morts. Celui du vol MH17 de la Malaysia Airlines paie le plus lourd tribu avec 298 victimes.
