Lors de sa visite d’Etat aux Etats-Unis, le président chinois Xi Jinping est passé par la ‘case’ Boeing. Cela lui a coûté 300 appareils, 38 milliards de dollars mais lui a permis d’obtenir la création d’une usine en Chine. Un centre de finition et de livraison pour B737 qui selon nos informations sera implanté à Zhoushan, au sud de Shanghai là où se trouve le constructeur chinois Comac. C’est la première fois que Boeing implante une usine hors des Etats-Unis. L’avionneur emboite donc le pas à son rival Airbus. Un passage obligé pour ce conseiller en aéronautique qui décrypte ce changement de stratégie.
Philippe Boissat, Conseiller principal aérospatial et défense Europe - Deloitte : « Pour rester numéro 1, Boeing n’a pas le choix que d’être en Chine. Il faut s’adapter, c’est ce que Boeing est en train de faire. C’est du bon sens économique. Il vaut mieux avoir ce genre d’approche que de ne pas être sur le marché. Je ne pense pas qu’ils arrivent trop tard, mais c’est vrai que Airbus a certainement pris un avantage en s’implémentant avant. C’est en quelque sorte une contre-attaque, mais c’était essentiel. Si ça n’avait pas été le cas, cela aurait été très dommageable pour Boeing car ils auraient laissé partir Airbus en cavalier seul. »
Il y a 20 ans, avant de poser ses tronçons en Chine, Airbus ne pesait en effet que 4% sur le marché chinois. Aujourd’hui il en détient la moitié, faisant jeu égal avec Boeing. L’avionneur américain ne veut plus se laisser distancer d’autant que les perspectives commerciales sont alléchantes. Sur les 20 prochaines années, plus de 6 300 appareils neufs devraient être commandés par les compagnies chinoises, soit 950 milliards de dollars.